Le ciel s’assombrit de plus en plus au-dessus du marché automobile européen, et Volkswagen n’échappe pas à la tempête. Après Stellantis, le constructeur de Wolfsburg doit à son tour ralentir ses cadences. Les modèles électriques, censés incarner l’avenir de l’industrie, sont aujourd’hui au cœur des turbulences. Et ce, malgré un regain des ventes observé en Allemagne depuis le début de l’année. Plusieurs usines sont directement touchées : Zwickau en première ligne, bientôt peut-être suivie par Emden.
Une crise symptomatique du marché européen
Le cas de Volkswagen illustre un malaise qui dépasse le seul constructeur. Partout en Europe, la demande en véhicules électriques demeure hésitante. Les incitations publiques se réduisent, les réseaux de recharge sont encore inégalement déployés, et le consommateur final reste sensible à l’inflation et à l’incertitude économique. Résultat : l’élan attendu n’est pas au rendez-vous. Pour Volkswagen, cette réalité se traduit par un ralentissement brutal de sa stratégie d’électrification.

Zwickau, symbole d’un basculement fragile
Le site de Zwickau, fer de lance de la transition électrique du groupe, se retrouve aujourd’hui contraint à l’arrêt. L’usine, qui assemble les ID.3, ID.4, ID.5, la Cupra Born ainsi que les Audi Q4 et Q4 Sportback, cessera ses activités pendant une semaine complète début octobre. Cette suspension fait suite à la mise à l’arrêt, à Hanovre, de la production des ID.Buzz et Multivan. À Emden, qui fabrique notamment l’ID.7 et une partie des ID.4, une décision similaire pourrait bientôt être prise.
Au-delà de ces arrêts ponctuels, c’est l’avenir même de Zwickau qui s’inscrit en pointillés. À partir de 2027, la production des ID.3, Born et ID.4 doit être transférée vers Wolfsburg, sur les chaînes libérées par la délocalisation de la Golf 8 vers le Mexique. L’ID.5 disparaîtra du catalogue, ne laissant que l’Audi Q4 en production. Une perspective bien mince pour garantir la viabilité d’un site dont la fermeture avait déjà été envisagée en 2024. Seule l’éventuelle arrivée, en 2030, d’une nouvelle génération de modèles pourrait redonner souffle à l’usine.
L’ombre grandissante des constructeurs chinois
Dans cette équation déjà complexe, un nouvel acteur bouleverse la donne : la Chine. Les marques chinoises, comme BYD, Nio ou MG, investissent massivement le marché européen avec des modèles compétitifs, technologiquement avancés et proposés à des prix difficilement soutenables pour les constructeurs historiques. Face à ces offensives, Volkswagen peine à défendre ses positions, ses modèles électriques EQ affichant des tarifs élevés sans pour autant séduire une clientèle en quête de fiabilité et de simplicité.
Une Europe en retard stratégique
Le ralentissement de Volkswagen met également en lumière les hésitations de la politique européenne. Alors que Bruxelles a fixé l’échéance de 2035 pour l’interdiction du thermique, les mesures d’accompagnement — subventions, infrastructures de recharge, partenariats industriels — demeurent insuffisantes. Les consommateurs doutent, les industriels tâtonnent. Dans cet entre-deux, les groupes européens risquent de voir s’éroder leur avantage technologique et leur image de marque.
Volkswagen à la croisée des chemins
Pour le géant allemand, la situation impose une profonde révision stratégique. L’ambition initiale de faire de Zwickau un fleuron de l’électrique s’effrite. Le groupe doit jongler entre l’urgence de préserver sa rentabilité et la nécessité d’investir massivement dans l’innovation. La dépendance aux marchés extérieurs, en particulier la Chine, où les ventes reculent de 14 %, accentue la vulnérabilité du constructeur.
Une mutation industrielle inévitable
Il apparaît désormais que la crise que traverse Volkswagen ne se limite pas à un ralentissement conjoncturel. Elle incarne une mutation structurelle du secteur automobile européen. Le passage à l’électrique ne se fera pas sans frictions ni sans sacrifices. Zwickau en est l’exemple le plus visible : une usine emblématique qui pourrait devenir le symbole des ajustements douloureux imposés par la révolution en cours.