Il y a des voitures qui naissent pour remplir un cahier des charges. D’autres, plus rares, surgissent avec la volonté de redessiner les lignes, de faire trembler les catégories, de bousculer l’évidence. La Cupra Tavascan appartient à cette seconde caste. Premier SUV coupé 100 % électrique de la jeune marque espagnole, le Tavascan n’est pas une simple variation de plus sur la plateforme MEB du groupe Volkswagen. C’est un manifeste. Un projet de design devenu réalité, un concept-car roulable que l’on croyait condamné à l’état de sculpture de salon, et qui prend la route avec l’insolence d’un rebelle né.

L’histoire commence en 2019, au Salon de Francfort. Cupra dévoile le concept Tavascan. Svelte, incisif, presque irréel. Et le public se dit : « Dommage qu’ils ne le produisent jamais. » Cinq ans plus tard, l’irréel prend vie. La Cupra Tavascan 2024 est là, et elle entend bien faire du bruit. Silencieusement.
Cupra : la dissidente du groupe VW
Avant de plonger dans les lignes tendues du Tavascan, il faut comprendre la stratégie derrière la marque. Cupra, ce n’est plus la branche sportive de SEAT. C’est une entité à part entière, avec son ADN, son ton, ses icônes (Born, Formentor…) et surtout une ambition : parler à une génération qui ne se reconnaît plus dans les marques établies.
En interne, certains l’appellent la Tesla latine. Pas tant pour la technologie (encore que), mais pour l’attitude. Cupra, c’est le streetwear appliqué à l’automobile. Le néo-luxe non conformiste. Le refus de choisir entre performance, design et conscience écologique. Le Tavascan pousse cette philosophie à son paroxysme.

Design : l’arme de séduction massive
Vue de l’extérieur, la Cupra Tavascan ne ressemble à rien d’autre sur le marché. Un SUV ? Oui, mais coupé. Un coupé ? Oui, mais haut perché. Un crossover ? Certainement, mais taillé à la serpe. Les codes du concept de 2019 sont restés intacts. Signature lumineuse en trois flèches, capot nervuré, calandre presque fermée mais expressive, lignes tendues comme un muscle, flancs creusés, jantes de 21 pouces, diffuseur généreux. Le Tavascan est aérodynamique sans être lisse, agressif sans être caricatural. Il revendique une forme de virilité douce, de tension élégante.
Les proportions sont justes : 4,64 m de long, 1,86 m de large, 1,60 m de haut. Il prend de la place, mais il la mérite. Il attire l’œil, mais ne le fatigue pas. Il est sculpté pour la vitesse et pensé pour l’image. Un aimant à regards, mais pas un effet de mode.



Un habitacle à l’esthétique radicale
À l’intérieur, Cupra a osé. Vraiment. Pas de recyclage d’habitacle Volkswagen ici. Le cockpit est centré autour d’une console flottante en forme d’épine dorsale, éclairée par des LEDs d’ambiance. On navigue dans un espace à mi-chemin entre le lounge urbain et le vaisseau spatial.
Le volant à méplats intègre des touches tactiles, le combiné digital est compact, et l’écran central de 15 pouces trône au sommet de la planche de bord. Les matériaux sont responsables (tissus recyclés, cuir végétal) mais soignés. Les sièges baquets offrent un excellent maintien sans sacrifier le confort.

L’ambiance est résolument moderne, presque futuriste, mais jamais froide. L’éclairage paramétrable et les textures variées créent un cocon chaleureux, presque méditatif. On sent que la Tavascan ne veut pas seulement transporter, mais transformer.





Deux versions, deux philosophies
Sous le capot – virtuel – la Cupra Tavascan propose deux motorisations :
- Tavascan Endurance : 286 ch, propulsion arrière, batterie de 77 kWh, autonomie WLTP de 568 km.
- Tavascan VZ (Velocity Zone) : 340 ch, transmission intégrale avec deux moteurs, 0 à 100 km/h en 5,6 s, même batterie, autonomie réduite à 522 km.
Les performances sont honnêtes, voire généreuses pour un SUV de ce gabarit. Mais là n’est pas l’essentiel. Le vrai coup de force, c’est l’équilibre : le châssis est affûté, la direction précise, les modes de conduite bien calibrés, et la motricité bluffante même sur routes mouillées. La Tavascan n’est pas une sportive pure. C’est une GT électrique avec du tempérament. Une voiture plaisir, mais qui sait se faire douce. Une machine à avaler les kilomètres sans anesthésier le conducteur.
Une connectivité de pointe
Comme toute voiture du XXIe siècle, la Cupra Tavascan mise sur la connectivité. Mais elle le fait avec style. L’interface maison s’appelle Hi!, un assistant vocal intelligent qui contrôle tout ou presque. L’infodivertissement repose sur un système personnalisable, fluide, réactif, compatible avec Apple CarPlay et Android Auto (sans fil évidemment).
Un système audio Sennheiser à 12 haut-parleurs équipe les versions haut de gamme. Le son est riche, ample, immersif. On y écoute du jazz, de l’afrobeat ou du trip-hop comme dans un salon.
Cupra propose aussi une application mobile complète pour planifier les trajets, vérifier le niveau de batterie, activer la clim à distance ou retrouver sa voiture dans un parking bondé.

Charge, autonomie et réalité du quotidien
Avec une batterie de 77 kWh utile, la Tavascan affiche une autonomie très compétitive dans sa catégorie. La recharge rapide monte à 135 kW en courant continu, permettant de passer de 10 % à 80 % en environ 30 minutes. Sur borne domestique 11 kW AC, comptez une nuit complète. Cupra revendique une gestion thermique optimisée, un préchauffage de batterie avant recharge rapide, et une intégration avec les services de recharge comme Elli ou IONITY via le groupe VW.
Côté consommation, les premiers essais réels tournent autour de 17 à 19 kWh/100 km selon le style de conduite. Ce qui reste très correct pour un SUV de 2 tonnes au look athlétique.
Cupra Tavascan vs la concurrence
Difficile de ne pas comparer le Tavascan à ses cousins du groupe Volkswagen : Volkswagen ID.5 GTX, Skoda Enyaq Coupé RS, Audi Q4 e-tron Sportback. Tous partagent la même plateforme MEB, la même batterie, et presque les mêmes dimensions.
Mais le Tavascan tire son épingle du jeu par son positionnement stylistique et émotionnel. Là où ses cousins misent sur la rigueur, le classicisme ou la discrétion, lui affiche sa différence. Il parle aux sens plus qu’à la raison. Il n’est pas le plus spacieux ni le plus sobre, mais peut-être le plus désirable.
Face à des rivaux comme la Tesla Model Y, la Ford Mustang Mach-E ou la Kia EV6, le Tavascan ne joue pas la carte de la techno à outrance, mais celle du plaisir intelligent, du design singulier, de l’alternative inspirée.


Une stratégie audacieuse
Cupra assume une stratégie de montée en gamme. Le prix de départ pour la Tavascan oscille autour de 56 000 €, pour grimper jusqu’à 65 000 € en version VZ bien équipée. Ce n’est pas donné. Mais ce n’est pas là que se situe l’ambition. La marque vise un public jeune, urbain, branché, sensible aux valeurs écologiques mais allergique à l’ennui. Des gens qui n’achètent pas une voiture, mais un style de vie. Un manifeste roulant. Dans un monde automobile de plus en plus uniforme, Cupra joue la carte de la différence assumée. Et le pari semble payant : les précommandes explosent, les délais s’allongent, et la Tavascan devient objet de convoitise avant même sa sortie.





Conclusion : un souffle nouveau dans l’électrique
La Cupra Tavascan n’est pas une révolution technologique. Elle n’invente ni la propulsion électrique, ni la plateforme modulaire, ni les écrans géants. Mais elle incarne autre chose : une vision. Une posture. Une envie de rompre avec l’ennui automobile.
Elle ne plaira pas à tout le monde. Elle n’en a pas l’intention. Mais elle plaira vraiment à ceux qu’elle vise. Ceux qui veulent vibrer autrement. Qui cherchent une alternative crédible à Tesla sans renier le plaisir. Qui veulent un véhicule capable de raconter quelque chose.
Le Tavascan est là pour cela : raconter une histoire. Celle d’une marque en devenir, d’un design radical, d’une transition énergétique qui ne rime pas avec fadeur. C’est une auto pour ceux qui ne veulent pas se fondre dans le trafic. Une voiture manifeste, comme il en existe peu.