Quand celui venu d’Asie décide d’entrer par la grande porte
Il y a encore quelques années, le nom Omoda n’évoquait rien pour le public européen. Née dans l’écosystème du géant automobile chinois Chery, la marque adopte une stratégie singulière : ne pas imiter, mais créer une identité globale dès son lancement, avec un langage esthétique fort, un positionnement technologique affirmé et un discours résolument international.
Omoda ne débarque pas timidement en Europe. Elle arrive avec un plan, une ambition et un produit vitrine : l’Omoda 5, premier modèle de la marque à fouler le marché européen avec l’objectif clair d’exister face aux références établies du segment des SUV compacts. Et si la démarche paraît audacieuse, elle est totalement assumée. Loin de revendiquer l’étiquette du “bon rapport qualité-prix venu de Chine”, la marque affiche une volonté plus haute : être perçue comme une alternative crédible aux constructeurs historiques, en jouant sur le design, la technologie et l’expérience utilisateur. L’essai que nous avons mené n’avait donc pas pour but de comparer l’Omoda 5 aux classiques du marché, mais de mesurer si l’ambition affichée se traduit en réalité sur la route.

Design – L’expression d’une identité qui n’a pas peur des contrastes
L’Omoda 5 est une voiture que l’on remarque. Que l’on aime ou que l’on déteste, elle ne laisse personne indifférent et c’est précisément l’effet recherché. La face avant est sculptée comme une pièce d’orfèvrerie : calandre en losanges intégrés, optiques divisées en deux modules, regard effilé qui donne au véhicule une identité expressive et moderne. Les lignes latérales sont nettes, la silhouette coupée élance la voiture visuellement, et l’arrière avec ses feux en boomerang évoque directement l’univers du lifestyle plus que celui du simple transport.




Le constructeur vise clairement une clientèle sensible au design, aux réseaux sociaux, à l’apparence. Sur ce terrain, Omoda n’imite personne : elle affirme son propre langage visuel. Dans un marché où l’homogénéité gagne du terrain, cette singularité est presque rafraîchissante.



Habitacle – Ambition stylistique et démonstration technologique
Si l’extérieur séduit par son audace, l’intérieur surprend par son niveau d’équipement bien plus haut que ce à quoi l’on s’attendait à ce prix. Deux écrans réunis dans une même dalle, interface fluide compatible Apple CarPlay et Android, sellerie travaillée avec coutures contrastées, éclairage d’ambiance personnalisable, sièges électriques, chargeur induction, vision 360°, radars intégrés… Tout y est, au point que l’on se demande moins “ce qu’il manque” que “comment tout cela rentre-t-il dans le tarif”.




L’habitabilité est bonne pour quatre adultes, excellente pour un usage familial du quotidien. Le coffre est raisonnable, mais pas record l’une des rares concessions de la voiture. Un point ressort cependant : l’effort sur la perception de qualité. Peu de plastiques durs visibles, un design intérieur cohérent, pas d’écrans ajoutés comme des pièces rapportées… Pour une marque nouvelle sur le marché européen, l’exécution force le respect.
Sur la route – Une personnalité orientée confort
L’Omoda 5 ne cherche pas à jouer les sportives. Son domaine, c’est le confort quotidien : direction légère en ville, suspensions souples, insonorisation correcte même à haute vitesse. La voiture s’adresse clairement à celles et ceux qui privilégient l’agrément au dynamisme.

Le moteur 1.6 turbo (ou 1.5 turbo selon marchés) offre des performances tout à fait honorables, en particulier en conduite urbaine et périurbaine. La boîte DCT fait son travail, même si elle reste parfois hésitante lors des relances appuyées, un trait commun à de nombreux SUV de ce segment.

Sur autoroute, l’Omoda 5 se montre stable et rassurante, même si l’amortissement peut s’avérer un peu souple sur chaussée dégradée. En revanche, l’arsenal d’aides à la conduite est digne d’un véhicule de catégorie supérieure : maintien actif de voie, régulateur adaptatif, surveillance des angles morts, alerte d’ouverture de porte, freinage automatique d’urgence. Pour un véhicule positionné dans ce créneau tarifaire, la liste impressionne.
Technologie et connectivité – Une proposition qui cible directement la génération numérique
L’écosystème multimédia est clairement l’une des cartes maîtresses de l’Omoda 5. Interface graphique moderne, fluidité honnête, personnalisation fine… tout est pensé pour l’utilisateur connecté. L’affichage tête haute, l’éclairage intelligent, les mises à jour de firmware, la reconnaissance vocale, tout cela positionne la voiture au même niveau que certains constructeurs premium. Et surtout : rien ne semble accessoire ou forcé. L’ensemble fait sens, car il s’adresse à une clientèle qui veut une voiture pratique, attachante, technologiquement intuitive… et photogénique.








Conclusion – Une entrée en scène qui mérite que l’industrie automobile se retourne
L’Omoda 5 n’est pas parfaite, mais elle marque un tournant. Elle n’est pas là pour compléter le marché : elle vient l’interpeller. Son design polarisant, son intérieur très équipé et son rapport équipement-prix la placent en alternative inattendue aux grands noms du segment. Là où beaucoup de nouveaux arrivants misent sur le prix, Omoda mise sur une proposition de style et de valeur perçue. Et que l’on adhère ou non à l’image, la stratégie fonctionne : le public la regarde, s’y intéresse, en parle. Le constructeur a compris une chose essentielle : dans un marché saturé, disparaître parmi les autres est la pire erreur.

Ce qu’on en pense
Points forts :
✔ Design affirmé et identifiable immédiatement
✔ Habitacle valorisant et richement équipé
✔ Niveau technologique surprenant pour le segment
✔ Rapport prix / contenu difficile à ignorer
✔ Aides à la conduite très complètes
Points à améliorer :
✘ Amortissement parfois trop souple à rythme soutenu
✘ Boîte DCT perfectible en fortes relances
✘ Volume de coffre correct mais pas remarquable
✘ Image de marque encore à construire en Europe




